samedi 1 mai 2010

Les contes d'apnée - Jamais plus l’hippopotame

Didier de Lannoy
Contes d'apnée

histoires courtes, scraboutchées sur une musique débranchée de Thelonious Sphere Monk (j’ai toujours voulu écrire comme Thelonious Monk !), de Fela Anikulapo Kuti, de Luambo Makiadi, d’Isaac Muzekiwa (à la Samba !) (vers 5 heures du matin !) ou d’Abdullah Ibrahim, qui se veulent drôles (mais ne font rire personne), érotiques (mais ne font jouir personne), politiques (mais ne changent la vie de personne), insensés (mais ne font perdre la tête à personne) et cruels (mais ne troublent le sommeil de personne)
2003-2005
Extraits - En vrac


Jamais plus l’hippopotame


(070501)


Elle était assise sur les marches, devant la maison, adossée à la porte d’entrée, regardant les voitures et les gens passer et

débobinant (et

prenant le vent et la pluie) et

rembobinant un rouleau de papier hygiénique ou d’essuie-tout (et

prenant l’air et le soleil) et

parcourant les petites annonces d’un journal toutes boîtes ou feuilletant une revue de cul et

dégustant la page gastronomique d’un bulletin financier ou suçotant son pouce en lisant les notices nécrologiques d’un hebdomadaire paroissial échangiste (athées, suicidés, divorcés, homosexuels, communistes, juifs, bouddhistes et musulmans admis) et

se mordant la lèvre inférieure et

- Vous êtes souffrante, mademoiselle ? Vous êtes indisposée? faisait-on (un passant) mine de s’inquiéter.

fumant clope sur clope et

remplissant les cases blanches d’un mot croisé ou d’un mot fléché et

berçant son nounours (et le serrant contre son cœur) et

triturant son lapin en peluche (et le serrant contre son cœur) et

mordillant son sarrau bleu, son chapeau melon jaune ou son foulard rouge à pois ou à carreaux et

mâchonnant son doudou (et le serrant contre son cœur) et

attendant que son compagnon veuille bien lui ouvrir.

- Vous avez un problème, madame ? faisait-on (une voisine) mine de se faire du mauvais sang.

- Je ne peux pas rentrer chez moi. Mon mari est saoul à l’intérieur.

- C’est même pas vrai ! entendait-on (un pochetron geignard) pochegnarder derrière la porte. C’est même pas moi ! Je n’y suis pour rien ! Ce sont eux ! C’est Jan et Henri ! C’est Kathy[1] ! C’est Brecht ! C’est l’autre Didier ! C’est la bande du service informatique ! Ils m’ont bourré la gueule, tout l’après-midi, au Bier Circus, à l’Aigle blanc ou à la Brasserie de l’Union ! Ils m’ont fait boire de l’Affligem et de la vodka au poivre (achetée chez Ikea). Puis ils m’ont ramené chez moi comme un sac de riz parfumé, un paquet de linge sale ou un panier de patates du Kivu, ils m’ont fait gerber dans le bidet de la salle de bains et ils m’ont enfermé à l’intérieur de la baraque ! Et ils ont emporté mon trousseau de clefs pour éviter que je fasse des bêtises ! Je ne peux même pas sortir !

Elle attendait qu’il veuille bien lui ouvrir.

- Laisse-moi entrer ! Refais-moi une place dans ton existence ! Rappelle-toi que tu m’aimes !

Et puis, un jour, le chat l’a emportée.

Et puis, un jour, le renard l’a emportée.

Et puis, un jour, le flic[2] l’a emportée.

Et puis, un jour, le serrurier l’a emportée.

Elle délaçait ses baskets, se limait les ongles, se cirait les lèvres et se léchait les plumes. Elle se roulait un joint, gonflait des ballons de baudruche, leur enserrait le cou, les étranglait et puis leur rendait la liberté. Elle avait abandonné sa bicyclette anglaise dans les fougères polypodes communes de la forêt de Wallers-Arenberg, de Soignes ou de Saint-Hubert[3]. Elle avait retroussé sa robe de mariée et s’épilait les jambes et le pubis sur une plage de la mer du Nord ou dans une aire de repos, en bordure de l’autoroute de l’Ardenne. Elle avait de la confiture de myrtilles ou de la gelée d’airelles (aigre-rose) sur les lèvres. Elle chantonnait. Elle espérait qu’une personne compatissante veuille bien la transporter de l’autre côté. Elle souriait. Elle et son petit sac de voyage rempli d’effets personnels (un soutien-gorge noir drapeau, une petite culotte jaune maillot et de longs bas rouges chiffon[4]) (et une nouvelle paire de bottes cuissardes fourrées qu’elle venait de s’acheter pour le prochain hiver) (et une brosse à cheveux, un miroir de poche et un coupe-ongles) (et son nounours) (et son lapin en peluche) (et son mouchoir à pois ou à carreaux) (et son doudou).

- Ne me faites plus attendre ! J’ai décidé de m’octroyer une autre vie ! Ailleurs et autrement ! Jamais plus l’hippopotame ne m’empêchera de traverser la rivière !

Et puis, un jour, le hibou l’a emportée.

Et puis, un jour, le lamantin l’a emportée.

Et puis, un jour, le garde-pêche[5] l’a emportée.

Et puis, un jour, le piroguier l’a emportée.

Elle avait disparu.

Il était désarçonné, désemparé, désespéré[6].

- L’avait-on abattue ou écrasée ? L’avait-on passée à l’effaceur ou à la gomme à encre ? L’avait-on séduite et détournée ? L’avait-on perdue au fond d’un bois ? L’avait-on noyée dans les étangs d’Ixelles ? L’avait-on menacée avec un cutter ? L’avait-on frappée avec un gourdin ? L’avait-on étranglée avec un foulard ? Lui avait-on planté un couteau à steak dans le dos ? Lui avait-on recouvert la tête d’un sac en plastique ? Lui avait-on enfoncé un journal toutes boîtes, un bulletin financier, un hebdomadaire paroissial, une revue de cul ou un rouleau d’essuie-tout ou de papier de toilette dans la bouche pour l’empêcher de crier ? L’avait-on prise au piège ? L’avait-on interpellée sur un trottoir de la rue de Dublin et la détenait-on prisonnière dans la prison d’Abou Ghraib ? L’avait-on capturée au croisement de la rue de la Paix et du Couloir de la mort et l’avait-on séquestrée dans une cage de la fourrière de Guantanamo ? Se cachait-elle au fond d’un sac d’aspirateur ? S’était-elle transformée en chauve-souris ? Avait-elle été admise au service des urgences de l’hôpital Saint-Pierre après avoir craché du sang dans un avion de la compagnie Vueling qui la ramenait de Valencia à Bruxelles ? Se payait-elle des études artistiques en dansant dans des discothèques ? Presque nue ?

Il passait des journées entières à ouvrir les portes et les tiroirs de l’armoire de leur chambre à coucher et à les refermer. A faire et à défaire des malles et des cartons. A les ouvrir et à les refermer. A mettre et à enlever son pantalon. A le boutonner et à le déboutonner.

- Son coupe-ongles me manque infiniment !

Il devenait complètement fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou, fou

- Qui lavera mes pantalons ? Qui repassera mes chemises ? Qui nouera mes cravates ? Qui achètera mes tubes de dentifrice et mes lames de rasoir ? Qui me fera un chignon banane ? Qui détectera mes mauvais odeurs et m’obligera à changer de chaussettes et de sous-vêtements au moins une fois par semaine ? Qui me préviendra lorsque mon haleine sera devenue fétide ? Qui préparera mon gaspacho et mon cafe solo ? Qui pilera mon pili-pili (avec de l’oignon, de l’ail et du tangawisi) ? Qui remplira mon pilulier ? Qui m’accompagnera au Carrefour et au Bar de l’Union ? Qui se couchera dans mon lit ? Qui me conduira au cimetière ? Pour, malgré, d’après, sur, sans, avec et à cause de qui pourrai-je encore écrire* ?

fou. Il agitait un vieux soutien-gorge blanc (ou une chaussette ou une petite culotte de la même couleur)[7] à la fenêtre du premier étage. Comme un naufragé qui tenterait d’attirer l’attention des garde-côtes ou d’un bateau de pêche.

On lui avait volé son amour, disait-il. Le chat, le renard, le hibou, le lamantin, le flic du quartier, le serrurier, le braconnier, le garde-pêche et le piroguier.

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* Cassant les certitudes. Pétant la gueule aux évidences. Sautant du bouc au bélier. Brisant les unités de temps, de lieu et d’action. Organisant toues les partouzes. Emmêlant (volontairement ?) dans la plus lamentable (volontairement !) des confusions (ne seraient-ce pas plutôt les premiers symptômes de la maladie d’Althusser ?) les pelotes de laine de plusieurs vies (d’Alzheimer, bitard !) : elle et lui, le massepain et la kwanga, la mouche et l’araignée, la table à langer et le chauffe-biberon, le froid et le vrai, le faux et le chaud, la ville et la cité, le pathétique et le tectonique, le chien vert et les étangs noirs, la viande et le morpion, le poisson et la coccinelle, Djuna Djanana et Djamana Djana, le cinéma muet et le tambour parlant, la noix de muscade et le clou de girofle, le morpion et la coccinelle, le missionnaire et la levrette, le tatouage au henné et le cigare cubain, les frites coupées à la main (délicieusement croquantes !) et la mozarella au véritable lait de buffle, l’oasis de Ghadamès et les chutes de la Lukaya, la mosquée d’Al-Ansar (à Schaerbeek) et celle d’El-Khalil (à Molenbeek), la cuisine et la salle de bains, le shake-hand et le baisemain, la bière et le pain, la pierre et le vin, la beu et le shit, l’absinthe et le lotoko (et le sodabi), la soupe à l’agneau et la soupe au cochon, le pêcheur fluvial et le morutier (et le sardinier) (et le crevettier qui sort du port vers 19 heures et y revient le lendemain matin vers 6 heures), la tapis de selle et la culotte de cheval, le tapis de plage et le tapis de prière, le grand écart et l’entrechat, le nez de l’âne et les oreilles du coq, le hêtre pourpre et l’érable sycomore, le lait en bouteille et la carbonnade de bœuf à la gueuze, le gibier à plumes et le gibier à poils, l’oiseau et la tique, Mathilde et Nathalie, le campagnol roussâtre et le mulot sylvestre, l’hélicoptère de proie et la photographie à l’eau, la pintade électrique et le saxophone, la conquête de l’Ouest et le massacre des Irakiens, les Zapotèques et les Zapatistes, les Ashkénazes et les Séfarades, avant-hier et après-demain, la gare routière de Formentère et le camp naturiste du mas de la Balma, le ragondin et le castor, la gigot et le jambon, l’huile d’olive de Toscane et la tomate verte de Villamarxant, la fraise et la mangue, la belette et le hérisson, la sultane et les cadines, le facteur et le docteur en lettres, le déraillement d’un train (près de Likasi) et le naufrage d’une baleinière (au niveau de Lukolela), le public et la belote, la pétanque et le privé, le lève-tôt et le couche-tard, la bergère et le catcheur, Dakar et Radar, les Polonais de la place Liedts et les Bulgares de la place de la Reine, le coucou de Malines et le poulet de Bresse, la saison des confitures et la maison des moules, le solfège et l’alphabet, Régis Fayette-Mikano et Abd al Malik, les tolérants et les tolérés, le chevalet et l’échafaud, la carpe et le lapin, le cercueil et le pétrin, la bande de Gaza et l’enclave de Cabinda, le culot monstrueux et la petite culotte (et la calotte et la kippa), le bon temps et le mauvais sang, la corde de chanvre et le collier de cauris, le trognon de la pomme et le noyau de la cerise, la sangsue et la chauve-souris, l’émail et l’e-mail, la facture et la fiche de paie, le singulier et le poivron farci, le pluriel et la plasticine, le doryphore et le charançon, l’africaniste et l’africanologue, le signe de la croix et le salut hitlérien, le petit canard pour le bain et la fumée de cigarette bon marché, le suave et l’amer, l’ascenseur et le monte-plats, le loup des Alpes et l’ours brun des Pyrénées, la belote et la pétanque, le vieux cornac et la jeune éléphante, le rien à voir et le tout à cirer, les mateuses et les matées, les marchands de journaux et les livreurs de pizzas, le folk et le country (les salles de spectacle pour bouseux blancs mécanisés et les rest-areas pour strip-teaseuses et cow-boys camionneurs) et le blues et le jazz (les ghettos katrinisés et les cimetières militaires), l’amiante et l’asbeste, les gaz irritants et les pistolets paralysants, le troupeau de rennes pris en chasse par un lynx et l’ancien boucher-charcutier qui a longtemps vendu des épices sur les marchés, le levante et le poniente (et l’harmattan), la place Hendrik Conscience et le parc Duden (qui porte le nom d’un négociant allemand enrichi dans le commerce de la dentelle), le passé simple et le conditionnel compliqué, le passé incertain et le futur établi, la boîte à conserves et la boîte de conserves, le comment et le pourquoi, la soupe aux orties

- Quand j’étais toujours un enfant, une ortie ça s’écrivait avec un « h » comme dans hostie !

et la salade de pissenlits, le semblable et le différent, le pareil et le même, le rugby et l’armagnac, le poids et le comment, la mesure et le pourquoi, les monuments et les sites, le mpiodi et le lamer (et le thompson), le blanc bonnet et le bonnet blanc, le marteau sur l’épaule et la faucille autour du cou, les apparitions mariales et les canards élevés en plein air, les feux de bois et les chevaux de trait, les muffins et le yin, les cookies et le yang, les chiques et les mégots, les skippers de compétition et les bateaux spectateurs (et les chalutiers), Milka et Milka, Antalya et Benidorm, le russe Gazprom et l’algérien Sonatrach, les coquetiers et les moules à gâteaux, les entrepôts de voitures et les hangars désaffectés (où se cultive le cannabis à Seraing), le pas court et le cheveu décidé, le pied de salade et le coeur de laitue, la pelle et la pioche (et la bêche), le corc et le porchon, la colle et le plus, le moins et le papier, le palais des glaces et la pêche aux canards, l’ingénieur civil de l’ULB et le chauffeur de camion du service de l’Urbanisme de la Ville de Bruxelles, le crayon et la gomme, les phaseurs et les shégués, les bills et les ballados (et les ngembos), les scènes burlesques et les situations torrides, le coup de boule dans les dents et le coup de pied dans les couilles, la chevillette et la bobinette, le concombre et la lavande, le paspalum de la Gombe et le gazon de Wimbledon, la danseuse Winnie Mandela de Wenge Musica et le chanteur (de charme) Bill Clinton, l’ouïe et la chaise percée, l’odorat et le fauteuil roulant, la grippe aviaire et le congélateur, le choléra et le four à micro-ondes, l’opaque et le transparent, le loup jaune et l’ours bleu, l’amour et la gloire (et la beauté), la saucisse de Carcassonne (laquelle n’est pas une authentique saucisse de Toulouse !) et la choucroute de Geispolsheim (laquelle n’est pas une véritable choucroute de Krautergersheim !), la cité de Carcassonne et les murailles de Diyarbakir, l’automne et le PQ, le papyrus et le printemps, Falloujah et Srebenica, Temüdjin et Tamerlan, Gjovalin l’accordéoniste et Anne-Louise la violoniste, le nord et la mémoire, le sud et l’oubli, le bouton d’or et l’ordinateur, le coquelicot et le stylo à bille, le chaloupe et le cachalot, la pirogue et le crocodile, la bande dessinée et le dessin animé, la roupie et la morve, les tapas et les zakouskis (et le mezzé), le fugace et l’immuable, le tango argentin et le ndombolo congolais, la veuve Scarron et la femme Poisson, les en-cas et les coupe-faim, l’empereur Romain IV Diogène (dont les chrétiens, après la défaite de Mantzikert, ont fait crever les yeux pour qu’il se mette à chanter les louanges du Seigneur) et le sultan Arp Arslan (qui traita son prisonnier avec déférence), Arthur Rimbaud et la reine de Saba, la guerre de Clabecq et

- On ne les perdra quand même pas toutes ?

la guerre de Renault-Vilvorde (et la nouvelle guerre qui se prépare à VW-Forest), la maison de maître et l’immeuble d’appartements sociaux, l’hirondelle et la pipistrelle, le Standard de Liège et l’AS V. Club de Kinshasa (ex-Vita Club) (l’équipe de feu Luambo Makiadi !), Ana et Denise, le XIXe siècle et le XXIe siècle, l’endroit et la transgression, la règle et l’envers, le terril et la pyramide, l’élève et le pet, l’haleine et le maître, le rioja castillan et le priorat catalan, la boulette à la sauce tomate bruxelloise et la soupe aux pois cassés (avec du bacon !) québecoise, le sucre et la ville, le sel et les champs, le torchon et la chaude-pisse, la serpillière et le sida, la malaria et le paludisme, le revers d’un droitier et le coup droit d’un gaucher, le vodu et le loa, le royaume d’Abomey et le marquisat d’Anvers, la betterave et la canne à sucre, le beau parleur et le mauvais coucheur, l’écharpe et la chaussette, la tendresse et le return on investment (une bière ou un baiser ?) (sept bouteilles de Tembo et on baisera toute la nuit !), la taupe et à tondeuse à gazon, Carmel et Lianja (les frères !), la faune et la flore, l’érotisme et la politique, les bagues de pied et les talons aiguilles, l’endroit et le verlan, l’épluchage des oignons et le pilage du pondu, les robeuses et les pagneuses, les foulards rouges et les bleus de travail, le prosélytisme et le proxénétisme, les oeils-de-perdrix et les durillons, Chico Ikondo et Ulrike Meinhof, Madonna et Maradonna, Shangaï et New York (et Johannesbourg et Sao Paulo), Andage et Saint-Hubert, Popenguine et Poperinge, le singlet et le marcel, Marseille et Massalia, le pléonasme et la tautologie, avant le déluge et après le déluge, l’ovule et le spermatozoïde, l’œnologue et l’addictologue, la béguine et le campagnol, la couventine et le faucon, la jeunesse empotée et la vieillesse cauteleuse, le rickshaw et le pousse-pousse, la face et la tendresse, le profil et la rage, la Maison du Peuple et la salle paroissiale, le raisin et le houblon, la bottine et la pantoufle, le morse et l’éléphant, l’euro et le zaïre (et le makuta et le sengi !), T.K. Biaya et Moon Kee Kim, Coquilhatville et Mbandaka, Mumbai et Bombay, Gibraltar et Jabal Tarik (et les Anglo-Saxons de Gibraltar et les Etatsuniens de Guantanamo), Bagdad et Babylone, Oswiecim et Auschwitz, Elysian Fields et Champs-Elysées, Königsberg et Kaliningrad, Charlie Parker et Isaac Musekiwa, Frank Vandenbroucke et Francesco Del Ponte, l’abbé Strauven (bien mort) et André Stas (bon vivant), la chicote et la baguette magique, la merguez et le boudin noir, le fond de teint et le fond de sauce, le client et le patient (et le micheton), l’alligator frais et le sanglier faisandé, le soleil de plomb et la pluie acide, le bio et le McDo, le procès-verbal d’audition et le conte de fée, l’humour et la lecture, los hombres et las damas, la cruauté verbale et le calcul mental, le houblon (qui permet aux moines de rester chastes) et le string (et les cuissardes), l’avoine et le caleçon long, le fufu et la polenta, le lait de soja et la fleur de cerisier, le steak de chamelle et le foie de cheval, le musée Grevin et l’Académie française, l’andouillette de Troyes et le sushi de Skikoku, les boîtes à provisions et les Tupamaros, les nuits de pleine lune et les bandards mous, les dieux chrétiens (dont les suaires ou les couches-culottes pissent du sang) et les dieux indous (dont les statues boivent du lait), l’éclatement d’un pneu de camion rechapé sur la route de Matadi et le naufrage d’une pirogue à moteur sur le lac Maindombe, le drapeau noir et la petite nappe à carrés rouges et blancs, les salaisons de chez Magerotte et le collier de la Barrière de Champlon, les chimères et les tontons macoutes, l’aurore et le pilon, le crépuscule et le mortier, la cervoise et l’hydromel, l’essence et le tire-lait, la gazole et le pèse-bébé, le pédicure armé et la petite otarie sans défense, l’eau furieuse et le fromage caractériel, le rien à foutre et le tout à branler, le cidre asturien et le mousseux californien, la mouette et le chat (se disputant un morceau de pain sur le terre-plein de la place Hendrik Conscience), le tract du PTB et le mot croisé du Figaro Littéraire, l’éthique et l’éthylique, la cité Cobralo et le camp Kauka (également dénommé Kauka City), le rationnel et l’insensé, le semblable et l’identique (et le complètement différent), la serviette et

- Il paraît que ça ne se mélange pas !

l’essuie (et la serviette-tout), la vapeur et la voile, le hennissement des étalons et le râle des agonisants, le surabondant et le superfétatoire, le tupperware et la capote, la carrière et la décharge, le feuille de figuier et la fleur d’oranger, la witloof et le chicon, la tranfusion sanguine et la prière de guérison, le voyeurisme et l’exhibitionnisme, le savoir et le pouvoir, Eric et Djuna (les aînés !), le curriculum vitae et la rubrique nécrologique, la pétoire et le missile, la députée socialiste et la dame de compagnie, le sel de bain aux algues et la musique sans préservatifs, le français de Lîdge (ou de Pezens) et le guin de Glidji (ou d’Aného), le néerlandais d’Anvers (ancienne première place mondiale du commerce de l’ivoire et du caoutchouc !) et le lingala de Makanza (ou de Ndjili), l’eau et la salive, Coumont et Nassogné, Wojtyla et Grimaldi, Lou Deprijck (alias Scarlet) et Plastic Bertrand, l’Aude et l’Aube, le quartier Matonge (à Kinshasa) et le Barrio del Carmen (à Valencia), les blagues belges et les hollandse mopjes, les pédophiles et les philatélistes, les Omeyyades sunnites et les Fatimides chiites, les Romains catholiques et les Grecs orthodoxes, les 200 magasins de la rue de Brabant et les 80 vitrines de la rue d’Aerschot, le quartier Kikimi (commune de Kimbanseke) et le quartier Télévision (commune de Masina), la muse et

- Est-on obligé de la baiser ?

la mécène, les filles de joie et les femmes d’ouvrage, la haute et le bas peuple (et la canaille !), les sorciers et les suceurs de sang, les frijoles et la feijoada, le réel et le forgeron, le margouillat et l’imaginaire, le placenta et le cordon ombilical (tripes ou déchets hospitaliers ?), la tramédie et la cogédie, la patte du tigre et la langue de la girafe, l’ouvre-boîtes et le casse-noix (et le sèche-cheveux ?), le film d’horreur (américain) et le documentaire animalier (britannique), le stockfish et l’anus, la vulve et le ceviche, le cèdre bleu de l’Atlas et le noisetier de Byzance, les slips et les chips, les gamines (jouant à l’élastique sur le trottoir) et les gamins (tapant la balle et échangeant des passes dans la rue), l’autoscooter et la barbe à papa, le mobile et le cellulaire (et le GSM), les coteaux boisés et les prairies de fauche, l’inclus et l’exclu, la Flandre et la Wallonie, les Diables rouges de Corée et les Diables rouges de Belgique aussi, l’Union faire la force d’Haïti et l’Union fait la force de la Belgique aussi, l’île de la Réunion et le département de la Creuse, le mouvement holebi et le secteur horeca, les autos tamponneuses et les montagnes suisses, l’utile et la lavette, la lichette et l’agréable, le futile et l’important, l’entrée et le dessert, les 500.000 kilomètres de Bruxelles (25.000 participants x 20 kilomètres) et la finale du concours Reine Elisabeth de football, l’heure et les minutes (et les secondes), la cuisine et la mode, la crème solaire et la glacière pour le pique-nique, la colique du nourrisson et les sanglots après la tétée, le désert acquis et la mer innée, le chemin de l’ours et la piste du jaguar, Hortense et Nadine (les filles !), le renard et la cigale , le corbeau et la fourmi, le lièvre et la chèvre, les INAD (refoulés dès leur arrivée à la frontière) et les DEPA (déportés accompagnés de policiers), le chou et la tortue, le chêne et la grenouille, le bœuf et le roseau, le petit chaperon rouge (aux chaussures assorties !) et le petit poucet, l’ogre et le grand méchant loup, la peste et le choléra (et la variole), la sauterelle et la pince à linge, le serpent et la corde à sauter, le hérisson et la brosse à habits (on peut bien se tromper dit un hérisson en descendant d’une brosse à habits !) (avait-on gravé sur mon banc, en première année d’études secondaires, à l’athénée royal de Rösrath, au large de Cologne), Matonge et Sadr City, une épouse invalide et un pharmacien de guerre (ou une épouse de guerre et un pharmacien invalide), Tolstoï et Trotsky, la chaussure droite et la chaussure gauche, la jonque et la jarre, Xi Mei et Tao Tao, le Mékong et le Westhoek, la Toundra et le Hoggar, les Russes de Samara et les Tchèques de Brno (les Lituaniens de Vilnius et les Hongrois de Pecs), les proies et les prédateurs, les suricates et les scorpions, autrement dit et de la même manière, le tangawisi et le gingembre, le propre et la mouche, le sale et la mousse, le hamburger et le soda, la rascasse et le cabillaud (et le bacalao et le makayabo), l’ordre triste et le joyeux bordel, la sécheresse vaginale et l’éjaculation précoce, les actrices de football et les joueuses de cinéma, l’impasse des Poils et le sentier des Putois, les New Jacks et les Black Demolition (et les Black Wolfes et la MAF), ceux qui chient sur la plage de tout le monde et ceux qui défèquent dans la baignoire de quelques-uns, ceux qu’on jette à la mer (et dont on retrouve le corps sur la plage) et ceux qui tombent d’un avion (et dont on retrouve le corps dans un champ de maïs à proximité de l’aéroport), la montée du Ruwenzori et la descente de la Lesse, l’avenue Van Volxem à Forest et la rue Van Volsem à Ixelles, le ravalement et la révolution, les communautés de pêcheurs et les groupes de prière, le nunchaku et la canne-épée, les boutres à voile et les hippopotames à moteur, la gamelle de pinranha grillé et le gobelet de café bouilli, les tortillas et le guacamole, les vieilles filles et les jeunes garçons (les jeunes femmes et les vieux hommes), l’élevage de vaches laitières et la culture de blé, l’ocytocine et le phéromone, la force publique (établissements Boloko) et

- Je me comprends !

la fosse septique (établissements Blocau), le deuxième bureau et le petit poussin, le hachoir à viande (mécanique) et le moulin à café (à bras), les blondes et les brunes (et les blanches aussi), les nomades et les mécréants, l’espace et les spasmes, les torturés dans les cachots souterrains de la cité de l’OUA et les jetés dans le fleuve à la hauteur des chutes de Kinsuka, les sédentaires et les gentils, les barreurs de feu et les coupeurs de canne à sucre, la carotte de manioc et le bâton de réglisse, la pute de proximité et les viandards du quartier, la sole meunière et le crêpe Suzette, la saison sèche et la saison des pluies (et la petite saison sèche), le miel d’Idiofa et le piment rouge de Santa Clara, 19 et 65, Eve et Lilith, tutoyer et tuyauter (les flics et les malfrats), Geispolsheim et Krautergersheim, Mwana Nsuka et Tambula Malembe, L’Wren Scott et Jerry Hall, Houellebecq et Hollebeek, Brahim et Briam, caguer et

- On ne cague pas des harengs dans une barrique ?

caquer, Vlaams Blok et Vlaams Belang, Cécilia Sarkozy et Patrick Dewael (Richard Attias et Greet Op de Beeck), Gloire à Dieu (alimentation générale) et le Cantique des Cantiques (production et vente de K7 video, audio, DVD et CD chrétiens, etc), la Mandibule et le Tournant, le Louvre et La Louvière, le Myanmar et la Birmanie, woaw et waow (et ouahou), l’indoubill et le brusseleir, l’orange et le crocodile, le tronc d’arbre et le citron, le souffleurs et la voix-off, l’atypique et l’apatride, les brebis à identité et nationalité douteuses et les pasteurs de main-d’œuvre bon marché, le marchand de fouets et le fabricant de jouets, la vie à la campagne et la compagne de ma vie, les bombardements à l’artillerie et les frappes aériennes, les hiboux (le visage barbouillé de boue et de charbon de bois) des Forces d’intervention spéciales de Honoré Ngbanda Zambo Ko Atumba et les coffres de voitures de Jean-Faustin Manzikala (dans lesquels il lui arrivait de garder ses prisonniers au chaud et, parfois, de les oublier), les daims et les dindons, le boudin-compote et le bourreau, le stoemp-saucisse et la victime, l’aveugle et les pommes de terre de marque, l’invisible et le riz générique, la violente migraine menstruelle et le petit caillou dans la chaussure, le lard et l’argent (et le dollar), le mas et la bastide, les pommes de terre de marque et le riz générique, les sinologues et les égyptologues (et les anthropologues), le gramophone à manivelle et la machine à coudre à pédalier, les carbonnades à la sauce bloquée et les frites de makemba, la cystite et la sopis, le saucisson de groin de porc et la soupe de pétales de rose mixées, les kilos de merde et les litres de pisse, une veuve de garde-champêtre et un marinier qui navigue sur le Rupel et la Dyle (et la Nethe), le long nez et les oreilles décollées, un quartier chiite de Bagdad ou de Beyrouth et un quartier chic de Londres ou de Washington, le typhon et l’ouragan, la rognure d’ongle et la crotte de nez, l’anis et l’anus, le chômage et les pis, le braquage et les cornes, les Ixiens et les Ixiennes, les autochtones et les allochtones, les Bataves et les Octaves, la foire agricole de Libramont et les 24 heures de Francorchamps, la pétanque et le garde du corps, le riesling et le magret de canard, le gewurztraminer et le foie gras, le mur de Berlin et le mur de Grammont, l’escalade et le tueur à gages, la rue Maes et la rue Van Aa, la bonbonne d’eau et la bouteille de gaz (ou la bouteille d’eau et la bonbonne de gaz), la maison de la laïcité et le temple maçonnique, le bon augure et le mauvais présage, les ulcères et le chou, le pétrolier chinois et le méthanier libérien (entrés en collision dans les eaux néerlandaises de l’Escaut), les lapins autochtones de Lemnos et les belettes importées d’Allemagne, les plumes et les écailles, le terril Saint-Charles et le terril du Martinet, la plage de Capbreton et la plage de Beit Layiah, le Bekende Vlaming (BV) et l’électeur du Vlaams Belang (VB), les maisons de fées et les poupées de cire, les insectes de boxe et les singes de luxe, les coups de trique du soleil et les piqûres aiguisées des méduses, la croquette de crevette (craquante à l’extérieur et moelleuse à l’intérieur !) et les chaussures qui font du bruit dans l’escalier (et les smoutebollen et les croustillons !), la lettre d’insultes et la déclaration d’amour, le charretier (menant les chevaux) et le garçon de ferme (s’occupant des vaches et aussi des cochons), le jeteur de foudre (et le fauteur de troubles) et le faiseur de pluie (et le lanceur de sorts et le barreur de feu), le garçon de courses et l’employé de banque (et l’ouvreuse de cinéma), le mégot et la douille, la voiture à âne et le chariot du croquemort tiré par un cheval cachectique, la rue du Cimetière et le sentier des Fougères (et l’avenue de la Garenne), un tremblement de terre à Liège (en 1983) et une découverte d’iguanodons à Bernissart (en 1878), un cuisinier dans la marine américaine et un propriétaire de salon de thé à Harlem, un cosmonaute russe et un apiculteur japonais, une grenouille tapie dans la vase et un évêque de Lourdes (dénonçant le mépris des Chemins de fer pour les trains de pèlerinage), un genre et une espèce, un salop et une salaude, la barza et le Larzac, Vernon Sullivan et Boris Vian, Sean Diddy Combs et Puff Daddy, la montagne Kilimankobo et le séminaire de Kambikila, la Vltava et

- Deux marques de bière ?

la Moldau, le coq à l’âne (jouant à saute-mouton) et le Coca light, ici et les autres, eux et ailleurs, pour de vrai et pour de faux, le différent et l’indifférent, la banque halal et le taxi casher, voiça et voili, lui et le contraire de lui, lui et elle (tout au début et tout à la fin !).



[1] Ayant perdu l’argent qu’on lui avait donné pour faire les courses et n’osant plus rentrer à la maison ? Mais, ce jour-là, elle avait décidé de sortir de sa déprime ?

[2] Essayant d’entamer la conversation et se risquant même à draguer (il utilisait le vocabulaire de la profession) (il n’en connaissait pas d’autre) et

- Vous avez un permis de pleurer sur les trottoirs ?

- Vous êtes sans doute un collègue du papa de Magali, non ? On peut toujours s’arranger, oui ? To beta cop ?

mettant à profit sa demi-heure de table pour effectuer un numéro de charme et de strip-tease (enlevant sa casquette et laissant tomber sa veste d’uniforme et retroussant les manches de sa chemise).

[3] Souffrant d’une crise de cystite aiguë et ne pouvant plus se retenir et se plaçant une main sur le bas du ventre et sautillant sur place et pissant à croupetons.

[4] Un corbillard, une ambulance et une autopompe. Dans l’ordre.

[5] - Vous avez un permis de sourire au bord de la rivière ?

- Vous ne connaîtriez pas le papa de Magali, par hasard ? Vous ne pourriez pas arranger cela, par hasard ?

[6] La déprime du vieux cerf qui se sent décliner et craint d’être bientôt éloigné de la biche par un jeune mâle ?

[7] Les sous-vêtements de couleur blanche sont-ils réservés aux seuls prêtres, religieuses et membres du gouvernement ?